Drôle de rencontre sur la plage de la Salis à Antibes (Alpes-Maritimes) : une grosse méduse échouée sur la plage intrigue les internautes. Nous avons interrogé un expert du Musée océanographique de Monaco.
Voici quelques commentaires et questions recueillis sur la page Facebook (privée) des “Amoureux du Cap d’Antibes” : “Une soucoupe volante entre deux eaux ?”, “Elle vient de Mars ?”, “Elle doit être vénéneuse ?” On dirait des petits cœurs dessinés au centre, non ?”
Pour en savoir plus, nous avons posé quelques questions à Thomas Richard, technicien aquariologiste au Musée Océanographique de Monaco depuis 8 ans. Il est notamment spécialisé dans les méduses. Il s’occupe de deux cnidaires identiques dans les bassins du musée monégasque.

La méduse Aurelia est translucide, mais quand elle a mangé, ses anneaux prennent la couleur de sa nourriture.
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© Anne Hirsch
Première déception, il ne s’agit pas d’une espèce rare, mais d’une espèce connue : “aurelia aurita”. Le scientifique explique :
Elle est très commune. On n’en a pas énormément ici mais on en trouve beaucoup à Montpellier. Elles ne piquent pas, ou plutôt, sont très peu urticantes… ça dépend des personnes. Moi je les manipule à la main, mais il ne vaut mieux pas !
“Les anneaux prennent la couleur de leur nourriture”
Thomas Richard précise : “les 3 anneaux sont en fait l’estomac, autour il y a les gonades, l’appareil reproducteur. Elles sont translucides, mais quand elles ont mangé, les anneaux prennent la couleur de leur nourriture. Elles se nourrissent de plancton, de crevettes. Quand elles sont pleines, elles vont lâcher les gamètes d’un blanc laiteux qui s’accrochent sur des polypes.”
Afin d’assurer sa croissance et sa reproduction, une méduse doit consommer plusieurs fois son poids en nourriture par jour. Son ombrelle évasée peut atteindre 40 cm de diamètre. Elles sont beaucoup plus grandes que les petites méduses violettes apportées sur les côtes azuréennes par le courant ligure.
Dans des eaux plus froides, de 16 à 18 degrés
Mais normalement, on en croise peu dans cette partie de la Méditerranée : elles évoluent dans des eaux plus froides, de 16 à 18 degrés… alors que la mer est actuellement autour de 25 degrés près des côtes. Selon toute vraisemblance, la méduse Aurélia a dû dériver de Montpellier jusqu’à la Côte d’Azur. Elle n’a pas besoin d’être accompagnée par d’autres congénères. Cette espèce préfère les eaux froides, on en retoruve jusqu’en Normandie !
Il ne s’agit donc pas d’un effet du réchauffement climatique. Même si les températures estivales sont propices aux développement des larves.
Une internaute se souvient d’en avoir croisé : “Quand j’étais gamine, sur les plages de l’océan, on en trouvait souvent d’aussi grosses, échouées sur les plages après les marées !” Pas de panique ! Cette espèce de méduse est peu urticante, n’aime pas les eaux froides et n’est donc pas en train de coloniser la Côte d’Azur.